Tu vois ce que c’est un prisme ?

J’ai commencé le yoga par la pratique de la méditation de pleine conscience et je dois dire que je ne me souviens plus très bien pourquoi j’y suis allée. D’ailleurs cela n’a aucune importance et je devrais même être reconnaissante d’avoir eu les embuches sur mon chemin qui m’ont amenée à la méditation.

J’en avais besoin, cela initié ma pratique et cela que je retiens surtout.

Est-ce que vous vous souvenez pourquoi vous avez commencé le yoga ? Ou la méditation ? Ou tout pratique qui vous fait du bien ?

S’occuper de soi, de son bien être. Oui, mais…

« S’occuper de soi » est passé dans le langage courant, dans les mœurs – et il y en avait besoin. C’est presque normal, c’est presque même une obligation, voire une injonction.

Il faut aller bien !

Comme si ces pratiques étaient un remède miracle à tous les maux de la vie et qu’ainsi nous n’aurions plus à nous tracasser de ce qui ne va pas, puisqu’on s’occupe de soi.

Le piège dans lequel je suis tombée est de vouloir être bien, tout le temps. Sauf que c’est impossible.

J’ai tellement voulu aller bien que je me suis éloignée d’une partie de mon humanité. S’occuper de soi revenait à se couper d’une partie de soi.

Je vous invite chaleureusement à lire le livre Le Prophète de Kalil Gibran, où dans un court texte, il parle de joie et de tristesse :

En vérité, vous êtes suspendus, telle une balance, entre votre tristesse et votre joie.

Il vous faut être vides pour rester immobiles et en équilibre

Kalil Gibran

Le fait de vouloir aller bien à tout prix ne peut que générer une détresse encore pire que la tristesse. Cela ne fait que me dissocier un peu plus de mon unité physique, émotionnelle, psychique, spirituelle.

Les ombres ne sont pas forcément ténébreuses et la tristesse m’est nécessaire. La souffrance, l’inconfort, ahhhh… ce fameux inconfort ! Qui nous montre quand nous sommes en transformation ou quand il y a appel de cette transformation. Il est utile, il est important cet inconfort, il est précieux.

S’occuper de soi, certes. Mais attention à ne pas se couper tout comme à se replier sur soi ou même à rester dans l’entre-soi.

Un petit piège facile aussi que de rester dans un environnement rassurant et dans lequel j’ai sauté avec enthousiasme les 2 pieds joints.

C’est une forme de protection qui me coupe de l’inconfortable nécessité de vivre avec le monde qui m’entoure, avec des humains qui, sans conteste, se posent les même questionnements que moi 🙂

A quoi bon s’améliorer comme être humain et être vivant sur cette planète si c’est pour rester dans mon cocon et me séparer du rester de l’humanité qui ne partage pas forcément mes visions, ma sensibilité ?

J’ai la chance d’avoir un compagnon qui n’entend rien au yoga. Rien… Mais qui est curieux, respectueux, à l’écoute, intéressé. Sans jugement mais non sans humour et questionnement bienveillant. Et c’est très reposant en définitive.

Je vois la pratique du yoga comme une action prismatique. Je fais référence à l’optique géométrique que j’adorais à l’université.

Un prisme est bloc de verre parfaitement taillé.

Un rayon de lumière entre dans ce prisme et se diffracte à l’intérieur. C’est comme si le rayon de lumière s’ouvrait comme un éventail.

Et ce rayon en éventail ressort du prisme tel un arc-en-ciel.

L’effet du yoga volume 1 est l’ouverture à mon intériorité, à moi-même.

L’effet du yoga volume 2 est l’ouverture au monde.

Si je reste focalisée sur moi, jamais je ne sortirais de mon prisme, je resterais enfermée dans une pratique, des certitudes. C’est le volume 1.

La vie avec le groupe, les autres humains et être vivants de cette planète, c’est le volume 2. Le best of the practice.

Si je reste au volume 1 je n’aurais jamais les vrais effets et objectifs de pratique, vivre. Il est une étape important mais pas la finalité.

Je laisse alors mes belles illusions de paix intérieure continue car nous vivons dans un monde d’impermanence. Ce n’est pas triste, c’est ainsi et c’est joyeux malgré tout, car notre atman – notre âme est faite de joie – ananda.

Pas toujours simple je l’admets et communiquer en sortant de son prisme permet d’illuminer les aspects négatifs de l’expérience de vie.

La vie est belle, elle est douce, elle est lumière.

Et toi ? Pourquoi tu fais du yoga ?

Namaste

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