Après un moment sans écrire de lignes ici entre la vie quotidienne, une bonne vieille maladie d’hiver et la reprise d’un conte enfin terminé (youpi !) je reprends les billets du mardi et prends mon courage à 2 mains pour parler de quelque chose que l’on voudrait ne pas voir, que l’on préfèrerait oublier, quelque chose qui paraît politiquement et socialement incorrect de manifester parce que c’est une bombe instable mal comprise et donc qui semble ingérable.
La colère.
Vous savez ce truc qui prend des proportions parfois démesurées, qui est dérangeant, considérée comme importante quand c’est la sienne que l’on expulse contre quelqu’un ou quelque chose et qui est insupportable quand on s’en prend une en face alors que l’on n’est absolument pas concerné.
Il y a 3 grands pièges face à une émotion (et peut-être d’autres encore 😊 ) :
- Rejeter la responsabilité sur quelqu’un : il est bien facile quand on se met en colère de rendre quelqu’un d’autre responsable.
- Considérer que c’est une faute : comme si c’était quelque chose de mal de se mettre en colère. Spoiler alert : il n’y a rien de mal à se mettre en colère. Il n’y a pas de faute. Aucune.
- Se couper de son émotion : parce que c’est plus facile de se mettre en sécurité que d’affronter quelque chose sans savoir comment faire – alors que c’est tellement compréhensible ! Mais c’est une sécurité apparente, elle ne tient jamais celle-là.
Il est intéressant de mettre ces pièges en relation avec l’enseignement des 4 Accords Toltèques que je recommande chaudement.
Ce qu’il faut comprendre dans la colère c’est que c’est une émotion, donc une réaction face à une situation qui remet en question nos valeurs, nos bases sacrées. C’est une conséquence, un résultat. C’est donc une affaire karmique (pour faire très rapide, karma = action ou conséquence d’une action) et par conséquent une affaire (à faire) très personnelle.
Il s’agit de nous quand nous nous mettons en colère, c’est notre émotion, notre bombe qui explose sans que nous le souhaitions d’ailleurs pour la plupart des cas, comme un rebond quand cela touche à quelque chose de très profond en nous. Le souci c’est qu’un rebond incontrôlé nous revient toujours dessus (relation de cause à effet alias karma).
Ceci étant dit, cela ne veut pas dire qu’il faut se laisser brûler par sa colère. La colère est comme du feu (cf. l’excellentissime film Vice Versa), un élément sans intention à proprement parlé, le feu en soit n’est ni bon ni mauvais. C’est un potentiel dont il faut prendre conscience, une force, une énergie qui donne le pouvoir (connaissance + force = je peux, j’ai le pouvoir). C’est un travail de prendre de la distance avec des éclats émotionnels quels qu’il soient quand ils surviennent, ce travail nous rappelle que nous ne sommes pas nos émotions. Et oui ce n’est pas simple 😉.
C’est le chemin du milieu que d’accueillir la colère, la comprendre sans se laisser dominer par elle. Comme tous les aspects moins reluisants de notre personnalité. Il faut accepter que nous sommes tous humains avec le côté gentil, mignon voire instagramable et le vilain côté qui sent la tourbe et qui pègue. Mais c’est ok d’avoir ces 2 côtés, tout le monde a ces 2 facettes. Et en fait, on s’en fout… Ce qui est intéressant c’est ce qu’on fait de ce potentiel, de la responsabilité que l’on prend sur soi-même pour soi-même malgré soi-même et grâce à soi-même. Pour prendre de la distance et ne pas subir grâce à tous nos atouts qui contrebalancent the dark side.
C’est là que le côté jedi/chevalier/walkyrie/guerrier prend sa place 😉.
Il est intéressant d’aller voir le côté obscur en nous, petit à petit en prenant soin de ne pas le faire à chaud. Ce n’est pas en mettant de l’huile sur le feu que l’on arrête un incendie. J’ai eu le plaisir de prendre quelques cours de Yoga avec Gill-Eric Leininger Molinier qui a pratiqué les arts martiaux pendant plusieurs années. Il nous encouragé à aller à la rencontre de cette facette, de l’expérimenter, de la comprendre car elle fait partie du package humain – de façon safe bien sûr, je n’encourage certes pas à se mettre en pétard ou frapper qui que ce soit.
La colère est un message, la violence est dans chaque être humain. Le nier est une illusion, céder à ses pulsions est avilissant bien que parfois elle soit la seule réponse saine à une situation offensante à notre intégrité (Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence – Gandhi – attention toutefois de comprendre son enseignement sur la non-violence justement). Le réceptacle de notre colère doit être nous-même. La colère laissée à elle-même en roue libre est destructrice et c’est notre job de transmuter ce potentiel en quelque chose de constructif.
Les arts martiaux, à mon sens cousins des écoles de yoga à plusieurs égards, donnent un cadre intéressant pour expérimenter ce potentiel comme le Yoga le fait. L’expérimentation nous apprend quelque chose sur nous, la Vie et notre relation avec elle. Mon chéri est pratiquant de sport de contact. Il m’a fait part de quelque chose de très pertinent et en fait quelque chose de très beau. L’adversaire est en fait un partenaire. Il nous pousse dans nos limites pour exprimer le meilleur de nous face à une situation. D’où le respect de que l’on doit à son adversaire. Il y a une part de nous en lui et cela est réciproque.
Le rapport avec la colère (résultante d’une attaque supposée de nos valeurs, de nos besoins essentiels de sécurité et d’amour) c’est de voir ce qu’elle nous permet de faire en donnant le meilleur de nous-même, en lui faisant face. Nous, par le biais de notre ego, sommes notre plus grand adversaire, le plus ancien, le plus intime. Si nous devons être des guerriers en armure ou avec un arc comme Arjuna, c’est pour nous attaquer à notre Ego avec ténacité et cœur. Notre Ego est notre adversaire pour ne pas dire ennemi (quand il est particulièrement compliqué), sans lui il n’y aurait pas de combat, nous ne serions pas là à travailler à nous améliorer comme être humain.
Alors, allez courir, inscrivez-vous à des ateliers de gestions de la colère, allez hurler vos tripes un bon coup dans la Nature après une marche méditative (très efficace…), pleurez, criez vos maux (mots), allez faire du kendo, de la boxe, du ju jitsu, de la capoeira, déchirez des papiers, jetez des bidons de peintures sur un mur, dansez et que sais-je encore. Qu’importe, transmutez ! Et surtout respectez-vous, respectez vos adversaires et respectez vos émotions sans vous effacez derrières elles. Vous êtes plus fort que votre Ego.
Du love, douceur sur vous,
Namaste