Soyons honnête. Qui peut dire expliquer ce qu’est la méditation de pleine conscience, être dans un état méditatif ?
C’est parfois flou tout ça et certains pensent même que c’est un peu du vent. Je crois qu’ils se questionnent sur cette pratique.
Alors je vous parlerai simplement de ma pratique de la méditation de pleine conscience et de ce que j’enseigne.
Il ne s’agit pas de la décrire avec exactitude, de façon canonique. Déjà parce qu’il existe plusieurs types et plusieurs styles de méditation de par le monde, à travers l’espace et le temps.
Même les animaux méditent. Dans un état d’attention à ce qui est autour de soi et en soi à chaque instant. On pourrait penser à un instinct de survie. Mais ce serait bien réducteur et un jugement sur des êtres (à la base) libres de l’influence des humains alors que nous ignorons profondément ce qu’ils peuvent penser, percevoir, ressentir.
Animal
Animal, c’est un des mots qui me vient à l’esprit pour parler de la méditation que je pratique.
L’étymologie du mot animal est subtile et il y a quelque chose de mystérieux en elle. Animal, du latin animalis désignant un être vivant mobile (en comparaison aux végétaux) qui dérive d’anima, le souffle ou l’air ; qui lui même provient de nomination de l’Âme.
Méditer c’est revenir à ce qui est animal en nous, à notre Âme, à ce qui bouge, vit, ressens, dans le confort et l’inconfort.
Contemplation
Relaxation + Concentration sur un support = Contemplation
Contempler est un acte spirituel, une connexion au monde. Une sensation d’unité et de paix.
J’ai la chance quelque part, je suis d’une nature contemplative, je l’avoue.
La contemplation, quand on pose notre regard sans but, sans objectif. Simplement et attentivement, de façon détachée sur un arbre, un nuage, un être aimé… Il y a une idée de lâcher-prise (le fameux ! que ceux qui comprennent l’expression lèvent la main et viennent m’expliquer). Zéro objectif. Zéro attente.
Attendre
L’attente revient d’ailleurs régulièrement chez les débutants de la méditation de pleine conscience. C’est adorable et je suis probablement passé par là aussi.
Cela fait partie de la démarche d’avoir de l’attente, des objectifs quand on commence la méditation. Et avec la pratique, on s’aperçoit que cela ne marche pas comme ça. Comme si une force bienveillante supérieure nous soufflait que cela n’a pas de sens. De toute façon, dès qu’il y attente, il y a déception. Parfois avec de l’amertume.
Avec la pratique on réalise que ce qui se passe n’est pas prévisible. Il faut l’accueillir et l’admettre ; c’est plus fort que nous.
Méditer n’est pas fait pour être calme. C’est une technique comme d’autres pour se libérer de l’agitation, du subissement et au final de la souffrance. Bien sûr, il y a des effets positifs indéniables. Cependant s’agripper à cette idée de calme à tout prix empêche le travail intérieur de se faire.
Il faut comprendre que l’on ne contrôle pas tout. Bien des choses sont cachées en nous et à l’extérieur qui jouent sur cette quête de liberté. Pouvoir les laisser venir avec confiance est bénéfique. Elles se révèlent d’elles-même et on a la surprise de voir à quoi tout cela ressemble. Partir en chasse serait une fuite en avant comme tente d’attraper une illusion.
Alors méditer, ce n’est pas forcer les choses, ce n’est pas essayer de méditer. Juste laisser faire et on verra. Ressentir et ne pas réfléchir. On n’a pas besoin de réfléchir pour ressentir. On réfléchira plus tard si c’est important. Ce qui est compliqué ou du moins inhabituel.
Voyage
On pourrait dire aussi méditer c’est comme voyager.
Un voyage à travers son corps et son esprit, son mental, son cœur, à travers la société, les expériences, les doutes. tout cela pour revenir chez soi.
Certains disent qu’ils « partent » quand ils méditent. C’est peut-être une façon d’exprimer des sensations physiques qui peuvent arriver. Pourtant partir est mot qui n’a pas de sens car au contraire, en méditation de pleine conscience, on revient. On rentre en nous pleinement et consciemment en tout ce que nous sommes à l’instant t. On passe le seuil de sa porte, on regarde comment c’est à l’intérieur, comment ça vit, comment ça bouge, comment c’est rangé ou pas. Ce qui est à nous et ce qui ne nous appartient pas. Où il y a de la lumière et des ombres. C’est un lieu où on peut être soi en sécurité sans regard extérieur et sans jugement. Libre. C’est un espace de liberté et d’éveil insoupçonné.
Respect
On apprend à se connaître et à mieux se respecter et respecter le monde autour de soi. Car il y a une chose bien mal comprise, c’est que méditer n’est pas se couper du monde. C’est une union sacrée.
Ce n’est pas une affaire d’égocentrisme. C’est une histoire personnelle pour accepter au mieux ses faiblesses, ses parties sombres, sa lumière, ses manques et ses forces. Et en même temps interagir avec ce qui nous entoure. Si c’est pour rester dans son coin, cela ne sert à rien, c’est également une illusion. Alors que méditer est un cadeau : le monde est plus vaste que ce que l’on peut pense.
En débutant la méditation de pleine conscience les gens veulent être calme tel un moine zen sur une montagne. On ne monte pas une montagne sans marcher. Il y a plusieurs chemins pour atteindre le sommet. Et on n’est même pas obligé de monter jusqu’au sommet ! Et ce voyage il n’y a que nous qui pouvons le faire. Seul. Bien accompagné-es certes mais il n’y a que nous qui puissions initier ce mouvement.
Silence
C’est une marche en silence. Et peut-être même dans le noir.
Quelles bénédictions ! Dans le mélange sonore et artificiellement lumineux permanent connaître le silence et le noir devient un luxe. C’est comme se laver. Par moment j’ai l’impression de faire une douche interne. Comme si je laissais couler des pensées envahissantes, les images, du bruit, les phrases toutes faites, les pensées des autres, les jugements… C’est si reposant.
Et c’est un gain en lucidité, en clarté d’esprit. Avec la méditation de pleine conscience j’ai pu retrouver des souvenirs, expérimenter une stimulation de ma mémoire et de mes sensations sensorielles. C’est d’ailleurs parfois dérangeant. Revenir dans son corps peut chambouler alors qu’il y a souvent une dissociation forte dans son quotidien.
Non violence
Se nettoyer de l’intérieur, se connecter profondément à soi et au monde vivant, mène à Ahimsa, la non violence.
Le fait de ne pas vouloir de mal ou la mort d’autrui. Faire le ménage personnel et se relier aux autres semble effacer l’envie de tuer son voisin.
Cela ne veut pas dire qu’on se laisse faire face à une agression. C’est plutôt que la réaction, parfois reptilienne, diminue et laisse de la place à la réponse juste dans une situation donnée.
Il n’y a pas d’adversaire, il n’ y a que des partenaires. Et les parties de nous vraiment laides qui sentent la tourbe sont des alliées et des supports. Elles nous permettent d’exprimer ce qu’il y a des plus lumineux, de joyeux. Et alors il n’y a plus de combat. Simplement un jeu, parfois instable et chaotique. Mais la Vie est une leçon d’impermanence alors jouons avec sourire autant que nous le pouvons.
Et la Magie dans tout cela est que cette non violence nous traverse. Elle se répand en nous et à l’extérieur de nous. Cette source de non agression apporte de la confiance. Elle se ressent par l’entourage, humains comme animaux et je le pense tout le monde végétal. Cela tisse un lien entre Nous tous, des échanges d’une autre qualité sont possibles. C’est une communion.
C’est beau, c’est émouvant, c’est brillant.
Amour et Gratitude
Ainsi c’est finalement une histoire d’Amour et Gratitude…
Pour tout ce qui nous connecte au vivant, à la joie et à l’évolution de notre cœur. Pour la Lumière, ce qui nous nourrit, ce qui nous apporte le sourire. Et ce qui met du petit bois dans le feu intérieur de notre Âme.
Également pour ce qui nous tape sur les nerfs. Nous perturbe, blesse, freine car tout cela est une opportunité d’expression et compréhension de soi et du monde. Tout cela pour avoir les plus belles interactions possibles.
Enfin, pour soi, son corps et ce qu’il permet de faire même si on voudrait qu’il fasse davantage. Pour le temps que l’on accorde à sa santé physique et mentale avec bienveillance et l’indulgence.
C’est de l’Amour et de la Gratitude pour soi pour la Vie.
Belle pratique à tous.
Merci, merci, merci.
Si vous souhaitez venir à une séance de méditation, les cours sont le jeudi matin de 7h30 à 8h15 au Centre Respir’ à Blagnac et 1 atelier d’1h par mois.